Réflexions sur la surexposition

[Ernst]

Tout est parti d'un commentaire dans lequel je disais que perso, j'aurais surexposé de 2 EV pour obtenir un high key. Hou là, quelle erreur ! Je ne sais pas comment on est censé les obtenir, mais en tout cas pas comme ça.

Ah bon.

Ce matin j'ai donc pris un support blanc, je l'ai posé devant la fenêtre, j'y ai mis un mug, et j'ai carrément surexposé de +4 EV à la molette, non mais !

À main levée et tout auto bien sûr, on commence à me connaître...

L'avantage du truc, c'est que dès la prise de vue, on se rend très bien compte de la distribution des valeurs. Quant à l'automatisme, cela permet de choisir son point de vue et sa focale sans s'occuper d'autre chose. Et la question, c'est bien sûr celle de la surexposition.

Si on considère qu'on a un tas de zébras sur l'écran ou dans son viseur qui indiquent de grandes surfaces complètement cramées et qu'on les retrouve dans la photo finale, alors oui, c'est complètement surex. Si on considère qu'on a réglé son appareil pour bien exposer les seules parties qui nous intéressent, alors là non, c'est de la compensation d'exposition et rien d'autre.  Sur ce point, on est d'accord.

Une question résiduelle pourrait être celle des nuances de blancs dans les très hautes lumières que le numérique permet aujourd'hui de conserver plutôt bien, mais ici, je voulais déjà voir si avec des moyens très simples et sans y connaître grand chose on pouvait obtenir des résultats sympas.

La réponse ? On peut.

[Ernst]

Ce qui a de bien, avec la surexposition, c'est justement l'écrêtage des hautes lumières. On ne se casse plus la tête à ajuster des trucs et des machins, on y va bourrin, et faut pas croire, ça marche avec presque tout ce qui vous tombe sous la main, c'est du résultat sans effort :

On aura reconnu mon sempiternel Foca, fidèle compagnon de mes expérimentations qui... Allons, soyons sérieux, c'est simplement qu'il est photogénique et intéressant dans ses différentes surfaces. Je m'en étais déjà servi pour du low key, eh bien aujourd'hui il vient de montrer qu'il est également apte à faire du high key.

Il continue sa carrière photographique, finalement.

Modifié 11 août 2019 par Ernst

[Ernst]

Bon, après le mug - facile - et le Foca - pas trop dur - sur le support blanc j'ai également essayé avec un objet cette fois entièrement noir. Autant le fond sature facilement, autant grignoter sur le noir lui-même c'est déjà plus difficile :

On est à +4 EV et on a bien sûr du clipping, mais adieu le high key, le résultat ne correspond plus vraiment à ce que j'en attendais. Pas grave, reste la surex, qui est quand même le sujet de ce fil.

[Ernst]

En fait, la surexposition est un ensemble d'effets que bien des photographes redoutent parce qu'à leurs yeux, ces effets gâchent le résultat qu'ils souhaitent obtenir. Et quand s'ils les souhaitent, ces effets, il existe des filtres façon Instagram qui le font très bien en dénaturant les couleurs, voilant l'image, et écrêtant les hautes lumières.

Faut dire que quand la surexposition est marquée, elle ne se traduit pas seulement par un clipping, mais aussi par un voile clair. Le problème, c'est que le numérique le supprime en un seul clic, ce voile clair, il n'y a que l'écrêtage qu'il ne rattrape pas.

Donc cette fois, un high key surexposé et voilé, une photo du Canada bricolée entièrement en post traitement :

Je dois dire que là, il a fallu que je me fasse violence non seulement pour surexposer (et perdre les détails dans le haut de l'image par écrêtage, grrr) mais surtout pour voiler les ombres tant j'ai l'habitude de faire du noir... noir !

À noter que la scène ne présente pas en elle-même un grand intérêt , mais elle illustre bien le fait qu'en photographie, on peut tout faire, surexposer, écrêter ou voiler, à partir du seul moment où c'est au service d'une volonté.

[Nikita]

Sympa tes essais. J'aime bien le rendu sur l'apn. 

[Ernst]

Le 15/08/2019 à 15:42, Nikita a dit :

Sympa tes essais. J'aime bien le rendu sur l'apn. 

Merci.

Je suis sûr qu'en surex, y a encore un tas de trucs à essayer. Tiens, dans la foulée, puisque j'en étais au Canada, je me suis amusé à faire encore plus blanc :

Cela reste voilé, et si on ne regarde que l'histogramme, on est sûr d'une photo pourrie, alors que là ça passe encore je trouve...

[Ernst]

Toujours dans la surexposition délibérée, je me suis aussi essayé au contre-jour d'intérieur, en accentuant à la fois l'écrêtage des hautes lumières et le renforcement des ombres :

 

Là, c'est un peu en réaction au HDR forcené de ces dernières années, cette mode qui a fabriqué des photos bourrées de détails aussi bien dans les lumières que dans les ombres. Sans même parler de HDR, l'usage intensif des micro-contrastes conduit aujourd'hui les amateurs (mais pas qu'eux) à en mettre tout partout, et aussi à souhaiter en voir tout partout.

Sinon le principal problème, avec cette surexposition, c'est bien sûr le dosage. On a vite fait de finir binaire, soit tout blanc soit tout noir, sans beaucoup de nuances entre les deux. Peut-être bien, mais après tout, pourquoi pas ?

[Ernst]

Ce qu'il y a de bien, avec cette histoire, c'est que je suis passé de simples objets posés sur un support blanc à des photographies plus complexes alors qu'au départ je voulais simplement montrer qu'il n'y avait pas, en photographie, qu'une seule façon de faire.

Faut dire aussi que cela m'amuse. Tiens, ma dernière :

La surexposition, avec celle-là, elle ne sert vraiment à rien d'autre qu'à voir si je pouvais y arriver.

Quant au high key, j'en ai profité pour ressortir de mes archives une photo de moteur, j'ai claqué l'histogramme complètement à droite histoire de bien mettre les blancs au taquet, eh bien pas de problème, ça marche aussi :

Pour les exifs, je dirais Honda 600 Hornet, mais là encore je ne suis pas spécialiste...

[Ernst]

La surexposition est essentiellement présentée comme étant la perte de détails dans des zones devenues toutes blanches suite à un excès de lumière par rapport aux capacités du capteur. Cette forme d'éblouissement fait qu'il ne reste plus que certaines parties de la scène, et que c'est donc sur elles que l'on s'attarde.

Ce qui me plaît dans cet aspect - mais là c'est lié à mon histoire perso - c'est le côté graphique que je peux obtenir. Habitué que je suis à poser du foncé sur des surfaces blanches (à la base je suis un dessineux), je retrouve là une forme de dessin sans le cerné habituel :

Je suis en train d'exhumer d'anciennes photos, eh bien la surex c'est quand même pas mal, moi je dis.

[Ernst]

Bon, les surexpositions plus modulées ça existe aussi, alors pour me reposer un peu les yeux, cette fois un high key avec un histogramme complet, ça va nous changer.

Aucun écrêtage, mais pastel quand même. J'ai vu ça sur certaines photos d'architecture, ce côté délavé tout propre tout rose, après tout pourquoi pas ?

[Ernst]

Allez hop, le high key surexposé du jour :

Tout le monde aura bien sûr reconnu la mise au tombeau de Saint Mihiel visible à la Cité de l'architecture et du patrimoine, à Paris.

[Caro]

J'apprécie beaucoup le rendu sur les sapins et les fougères !

C'est vrai que c'est presque devenu un dessin, mais c'est d'autant plus beau.

J'ai bien tenté une fois quand il y avait beaucoup de brume sur un bosquet de sapin, mais pas avec la même réussite que toi...

[Ernst]

Il y a 5 heures, Caro a dit :

J'apprécie beaucoup le rendu sur les sapins et les fougères !

C'est vrai que c'est presque devenu un dessin, mais c'est d'autant plus beau.

J'ai bien tenté une fois quand il y avait beaucoup de brume sur un bosquet de sapin, mais pas avec la même réussite que toi...

Merci beaucoup de ton retour, ça fait plaisir de savoir que mes bidouilles peuvent plaire.

[invite4]

C'est pas parce qu'on ne commente pas, qu'on ne lit pas avec intérêt...

[Ernst]

Puisqu'on en est à la surexposition, il y en a une qui m'a toujours intéressé, c'est celle des trouées végétales :

Pris au Jardin des Plantes, à Paris.

On pourrait éviter (braketing + programmes spécialisés) mais ici, la surexposition offre un plus grand contraste global sans vraiment nuire à l'ambiance, donc c'est cool.